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Guillaume Lekeu : Oeuvres de musique de chambre Reviews and Opinions
13 internautes sur 13 ont trouve ce commentaire utile :
4.0 etoiles sur 5
Poignante tristesse, 15 août 2006
Par Julien Mosa "MosaJulien" (Saint-Jean Pied de Port, 64.) - Voir tous mes commentaires(TOP 500 COMMENTATEURS)
(VRAI NOM)
Ce commentaire fait reference à cette edition : Guillaume Lekeu : Oeuvres de musique de chambre (CD)
Guillaume Lekeu vit le jour en Belgique à Heusy, près de Verviers, en 1870. Il avait neuf ans lorsque ces parents quittèrent le "plat pays" pour s’installer à Poitiers. Incite par son professeur de physique qui etait melomane, il embrassa peu après sa très brève carrière de compositeur ; ses seuls "guides" furent son instinct et son goût. Lorsque le jeune adolescent decouvrit la musique de Ludwig van Beethoven, ce fut la première revelation ; il decouvrit "qu’il y avait autre chose à tirer du quatuor qu’une oeuvre parfaite et regulière à la Mozart ou à la Haydn". Guillaume Lekeu trouve en Ludwig van Beethoven son ideal musical. Ses premières compositions, dont un "Molto Adagio" pour quatuor à cordes, un "Tempo di Mazurka" pour piano ou un "Adagio meditatif" pour clarinette basse et orchestre, temoignent dejà d’une bonne qualite de composition, malgre un manque d’application dans l’harmonie. Guillaume Lekeu prit quelques leçons privees (il ne voulut jamais inserer un quelconque Conservatoire), et après avoir ete envoûte à Bayreuth par une representation de l’opera "Tristan und Isolde" de Richard Wagner, il fit appel au plus grand des organistes belges du dix-neuvième siècle, Cesar Franck, pour etudier avec lui. Malheureusement, son maître revere deceda un an plus tard. Guillaume Lekeu avait fait des progrès considerables. En attestent son trio pour piano et cordes ou ses deux "etudes symphoniques" pour orchestre, pièces datees de 1890. Il travaillera alors avec Vincent d’Indy, figure illustre de la fameuse "Schola Cantorum". En 1891, il se presenta (en Belgique) au fameux "Grand Prix de Rome", où il obtiendra la second Prix, avec sa "scène lyrique" "Andromède". Durant les trois dernières annees de sa vie, il composa beaucoup de musique de chambre (son quatuor pour piano et cordes demeure inacheve ; son second maître Vincent d’Indy tenta de le terminer, mais faute de temps, l’oeuvre subsiste en deux mouvements). Sa sonate pour violon et piano lui assure à elle seule une immortalite totale, bien que ses quarante-cinq compositions totales ne soient pas à denigrer, loin de là. Il fut emporte en 1894, au lendemain de ses vingt-quatre ans, des suites d’une fièvre thyphoidale. Le destin emporta celui qui allait certainement devenir l’un des plus grnads compositeurs français du debut du vingtième siècle, à egalite avec Claude Debussy et Maurice Ravel.
Le "Molto adagio" pour quatuor, datant de 1887, est en realite un "commentaire sur les paroles du Christ dans le jardin de Gethsemani", et est sous-titre "Mon âme est triste jusqu’à la mort". Une mesure à cinq temps et une pulsation instable confèrent à cette oeuvre tragique un caractère somme toute etrange, mais qui revèle une forte generosite d’inspiration. L’"adagio" pour quatuor d’orchestre, date de 1891, est une "elegie" pour un grand ensemble instrumental, pouvant contenir jusqu’à sept parties de violon, cinq d’alto et autant de violoncelle. Très poignante elle aussi, cette oeuvre porte en epigraphe une phrase du poète Georges Vanor, "Les fleurs pâles du souvenir...". Guillaume Lekeu fait preuve dans cette pièce d’une maîtrise formelle plus importante que dans l’oeuvre precedente. Le "larghetto" pour violoncelle et ensemble instrumental, acheve le 3 fevrier 1892, est un veritable chant d’amour, dont la fluidite harmonique apporte une grande vague de tendresse. Les trois "poèmes" pour soprano et piano, eux aussi acheves en 1892, sont integralement de la main de Guillaume Lekeu : il en ecrivit à la fois les paroles et la musique. Le premier, "Sur une tombe", a un caractère funèbre. Le second, "Ronde", comporte abondance d’accents joyeux. Le troisième, "Nocturne", est un hymne à la nature. Le quatuor pour piano et cordes, inacheve donc, fut amorce en 1893. Guillaume Lekeu nous laisse un mouvement acheve, et un second en grande partie acheve (Vincent d’Indy complètera les dernières mesures, sans aller au-delà). Le premier des deux, "Dans un emportement douloureux. Très anime", voit mille sentiments opposes se heurter (cris de souffrance et longs appels de bonheur, cris d’amour et cris de desespoir, l’eternelle douleur qui ecrase la joie de vivre...). L’extrême compacite de l’etoffe musicale apporte l’illusion d’une melodie continue. Le second mouvement "Lent et passione" reprend nombres de thèmes du premier mouvement. Guillaume Lekeu a voulu donner à ces deux mouvements une continuite musicale à sa pensee. L’on ne peut que deplorer l’achèvement partiel de ce chef-d’oeuvre, qui, s’il avait eut la chance d’être termine, serait assurement le meilleur quatuor pour piano et cordes de l’epoque romantique, depassant celui de Robert Schumann, de Johannes Brahms et ceux de Gabriel Faure.
Le "Molto adagio" pour quatuor à cordes, interprete par quatre dames de l’ensemble "Musique Oblique" (dont Elisabeth Glab au violon et Isabelle Veyrier au violoncelle), beneficie à juste titre d’une interpretation très "feminine" : tout en emotion, tout en tendresse, mais avec caractère et affirmation. Les appels de violoncelle sont à vous arracher le coeur. L’"adagio" pour quatuor d’orchestre est ici donne dans la transcription de Gerard Iglesia pou piano et trio à cordes. Alice Ader se joint ici à ses amies. L’interpretation, bien que très correcte et très en accord est moins prenante, car cette transcription denature la puissance de l’oeuvre. Le "Larghetto" pour violoncelle et ensemble instrumental trouve en Isabelle Veyrier une musicienne très sensible et très impliquee, bien soutenue, notamment dans le "tutti" instrumental par ses compères. Les trois "poèmes" pour soprano et piano trouvent le ton juste avec Rachel Yakar accompagnee par Alice Ader. Chaque "poème" est interprete avec le caractère qui convient. Mais madame Yakar peine un plus dans les graves, curieusement, que dans les aigus, où sa voix est bien situee. Le quatuor pour piano et cordes, contrairement au "Molto adagio" beneficie lui d’une interpretation très "masculine", très "virile" : les quatres amies jettent toutes leurs forces pour exprimer les douleurs ressenties par le compositeur. C’est très emouvant et troublant. Alice Ader tire (à moindre echelle) son epingle du jeu par la puissance harmonique de son instrument.
Il s’agit là d’un très beau compact-disc de musique de chambre.
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