jeudi 1 mars 2012

Le Ring (Bayreuth 1956)


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Le Ring (Bayreuth 1956) Reviews and Opinions



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5.0 etoiles sur 5
La presence reelle, 10 avril 2011
Par Pèire Cotó (Occitània) - Voir tous mes commentaires(TOP 100 COMMENTATEURS)
  
Ce commentaire fait reference à cette edition : Le Ring (Bayreuth 1956) (CD)
Trois annees de suite, on a conserve l’interpretation du Ring par Hans Knappertsbusch à Bayreuth. Nous avons ici celle de 1956, j’ai lu que celle de 1957 abondait en "tunnels" et que des critiques trouvaient que celle de 1958 etait la plus passionnante; mais je ne les connais pas. Sur ce site, on peut tout de même entendre en MP3 des extraits du Rheingold de 1958.
La première chose qu’on remarque est evidemment la lenteur caracteristique du chef. Il faut nuancer neanmoins : c’est l’Or du Rhin qui est le plus lent, la Walkyrie etant de dimensions presque normales. L’usage du rubato est rarement exagere : quelques moments de quasi-silence pour mettre en valeur le motif suivant peuvent faire se demander s’il n’y a pas un problème technique (!), mais sinon les variations de tempo sont progressives et passent presque inaperçues de l’auditeur, tout en pouvant perturber les chanteurs.
Quelle est la qualite du son Evidemment inferieure à celle du Ring en stereo de Keilberth enregistre par Decca en 1955, l’annee precedente, elle est à peine superieure à celle de l’enregistrement Krauss de 1953 quand il s’agit d’une version pirate et inferieure à elle quand on a affaire à la version "officielle" Orfeo recemment publiee. Ce Ring ne devrait pas être votre seul et unique, mais seulement une version de complement. L’orchestre semble place très en retrait, davantage qu’avec Krauss en 1953 (Je precise que je commente à partir de l’edition Orfeo, et ne peux rien dire sur la qualite sonore de celle-ci). Or le Ring n’est pas seulement un cycle pour chanteurs, l’orchestre y joue un rôle essentiel, qu’on est un peu reduit ici à deviner.
Avec une telle distribution (Hotter, Varnay, Neidlinger, Greindl, Windgassen, etc), on se dit qu’on ne peut avoir qu’un excellent Ring, mais en realite il faut se demander ce que fait le chef des forces dont il dispose. Les deux derniers volets sont à mon avis les plus reussis, mais pour l’Or du Rhin et la Walkyrie seuls, je me serais contente de decerner quatre etoiles.
En effet, les chanteurs peinent avec cette lenteur, et Hans Hotter, avec ses problèmes de souffle, en pâtit particulièrement. Astrid Varnay a suffisamment explique dans ses Memoires combien ça lui avait pese. Très souvent, on sent que le chanteur commence dans un certain tempo, puis se souvient qu’il est avec "Kna" et alors ralentit, à moins que le chef ait change son tempo entre-temps. Parfois même, une syllabe est commencee, puis le chanteur sent qu’il est en avance, et alors recommence. Plus frequemment, l’interprète, incapable de vivre ce tempo, ânonne sa phrase. Ces problèmes apparaissent surtout dans l’Or du Rhin, mais dans les deux dernières journees, les chanteurs se sont un peu habitues.
Parlons donc de la distribution. J’en ai cite quelques elements admirables, mais qu’on retrouve avec Krauss (1953) et Keilberth (1955), concurrents redoutables. On peut y ajouter Paul Kuën (Mime), Josef Traxel (Froh), Hermann Uhde (Gunther), Maria von Ilosvay et, à un degre moindre Gre Brouwenstijn (Sieglinde, Gutrune), Arnold van Mill (Fafner) et Ludwig Suthaus (Loge). Ce dernier, ancien Siegfried, a alors cinquante ans. Il ne fait pas partie des Loge bouffe comme Stolze, Zednik ou Clark, mais de ceux qui conservent sa dignite à un dieu à la fois fourbe et le plus lucide de tous, comme Erich Witte, Wolfgang Windgassen, Set Svanholm ou Siegfried Jerusalem. Suthaus garde sa remarquable diction et dans son avertissement final, la lenteur de Kna lui facilite les choses; sa voix est cependant moins agreable que celle d’Erich Witte (1953), pourtant très critique; il rend mieux l’esprit malefique de Loge, mais moins son intelligence. Pour Erda, puisqu’on avait dans d’autres rôles Maria von Ilosvay, extraordinaire davantage en 1953 qu’en 1955, pour une raison de tempo trop vif impose par Keilberth, on regrette de se contenter de Jean Madeira, convenable cependant. Georgine von Milinkovic peut chanter les notes de Fricka, mais n’arrive pas à exprimer quelque chose (on la retrouvait dejà en 1955, mais en 1953, Ira Malaniuk rendait mieux la majeste courroucee de la deesse, entre autres qualites). On a un trio de Nornes fantastique, Madeira, Ilosvay, Varnay, mis à part que les tessitures des deux premières ne sont pas très contrastees (je rappelle que la première est censee être une contralto et la deuxième une mezzo); d’ailleurs, dans plusieurs de ses rôles, Jean Madeira, qui avait une tessiture intermediaire, donne parfois l’impression de faire semblant d’être une contralto. Au fait, vous avez bien lu, Varnay se paie le luxe de faire la troisième Norne, se change pour redevenir Brünnhilde et 3 minutes après, entonne son Zu neuen Taten...
En revanche, dans ces annees-là où on n’avait aucun problème pour trouver une Brünnhilde et un Wotan, on n’arrivait pas à trouver un Donner presentable : après le mediocre Toni Blankenheim, on a choisi le scolaire Alfons Herwig, pour revenir à Blankenheim en 57. Van Mill fait (honorablement) Fafner et Greindl Fasolt : on se dit tout de même que si Greindl avait pu se dedoubler...
Certains chanteurs, parmi les plus grands, ne sont plus tout à fait ce qu’ils etaient deux ou trois ans avant. La voix de Hans Hotter, même s’il faut tenir compte de la gêne que lui impose le tempo, s’epaissit et se reduit progressivement aux notes graves, s’approchant insensiblement de ce qu’elle serait avec Solti dans les annees 60, tout en restant à un niveau qui rendrait le mot de declin presque indecent. C’est surtout vrai pour Varnay, qui n’avait que 38 ans, mais on sait ce que l’abus des rôles lourds ferait de sa voix quatre ou cinq après. Entre 55 et 56, beaucoup de ses magnifiques harmoniques et une partie de sa puissance ont disparu. Meforme, commencement de la fin sans doute pas un simple problème d’enregistrement et de remastering. En revanche, avec Knappertsbusch, certains chanteurs donnent davantage toutes les nuances de leur rôle : ainsi Greindl, qui comme Gabin se contente souvent d’être ce qu’il est, avec sa personnalite gigantesque, sait mieux alterner la ruse (première scène de Hagen avec Gunther et Gutrune) et la noirceur terrifiante ( "Hier sitz’ich zur Wacht") que dans d’autres enregistrements.
Ce Ring est sans doute inferieur à d’autres dans les details (ainsi, dans la première scène des Geants du Rheingold, Keilberth est bien plus vivant que Kna), mais s’apprecie sur la longueur et dans une ecoute globale. Je termine avec quelques exemples.
Premier exemple : le premier acte de Siegfried. Quel est donc ce Mime à la voix forte, qui equilibre celle de Windgassen C’est Paul Kuën, dont le volume n’est pas la caracteristique. On comprend alors que le faible niveau du son de l’orchestre n’est pas dû qu’à l’enregistrement, que l’orchestre tend à jouer piano, (je ne parle pas seulement des conditions habituelles de Bayreuth où la fosse est couverte et ainsi un peu isolee de la scène, permettant d’entendre davantage les chanteurs, parce qu’elles concernent aussi les autres enregistrements faits au Festspielhaus). Windgassen en profite donc pour chanter de façon moins fatigante et Kuën peut être entendu aussi fort ou presque que lui. Par comparaison à d’autres captations, Kuën chante moins uniformement de façon caricaturale ou comique, mettant en relief ses vrais moments d’angoisse ou de panique et retrouvant une certaine humanite. En même temps, Windgassen reçoit comme un surcroît de noblesse. Conclusion : malgre la quasi-absence de repetitions, Knappertsbusch reussit à donner plus de noblesse, de dignite et de variete aux chanteurs, davantage sans doute que Furtwängler, avec qui la vraie noblesse est surtout celle de l’orchestre.
Second exemple : la scène du debut avec les Filles du Rhin et Alberich. On se dit que la lenteur presque mystique de Knappertsbusch ne devrait pas contribuer à rendre ce moment vivant. Or, il l’est plus qu’avec quiconque, notamment grâce au contraste entre des Filles du Rhin qu’on entend rarement aussi joyeuses et la lourdeur maladroite d’Alberich, sur laquelle l’orchestre insiste. Il ne faut pas generaliser, evidemment et d’autres passages sont plus monotones, comme je l’ai laisse entendre.
Il n’empêche : malgre les limites et les defauts, malgre des Ring de la même epoque qui sont preferables pour diverses raisons, les dieux sont là.
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