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Les Introuvables Reviews and Opinions
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5.0 etoiles sur 5
La quintessence d’un temps revolu., 26 mars 2011
Par Roger Dominique Maes "dit Dominique" (Bruxelles) - Voir tous mes commentaires(TOP 100 COMMENTATEURS)
Ce commentaire fait reference à cette edition : Les Introuvables (CD)
"Les Introuvables du chant wagnerien", 4 CDs EMI.
Passons sur le titre de ce coffret et sur le fait que, même lors de sa première parution en 33 tours, la majorite de ces voix wagneriennes etaient trouvables, et dans des doubles coffrets Electrola, DG ou EMI, mais il est vrai que ce n’etait pas toujours dans les extraits proposes ici. S’il y a bel et bien des introuvables, ce sont ceux et celles que j’appellerais les victimes de l’histoire : Rudolf Bockelmann, Martha Fuchs, Maria Mûller, Germaine Lubin, victimes de la politique des maisons de disques : Florence Austral, sacrifiee à Frida Leider, Bockelmann sacrifie à Schorr, ou encore victimes de leur modestie comme l’immense et totalement meconnu Hans Hermann Nissen, qui ne quitta l’opera de Munich que pour Salzburg avec Toscanini.
La grande decouverte du CD 1, c’est, je l’ai dit, Hans Hermann Nissen, sobre et grandiose Hollandais, d’une beaute de timbre irreprochable, et Elisabeth Rethberg, Senta extasiee, folle d’un amour presqu’hysterique, peut-être dejà trop femme, mais vocalement triomphante. Comme en aparte d’enregistrements qui sont tous compris entre la fin des annees 20 et le debut 40, un enregistrement de 57 : et c’est une Senta pure, enfantine, radieuse de timbre, d’une seduction imparable. Devinez ! Birgit Nilsson, 39 ans dejà ! Mais l’acier n’est pas encore trempe, le metal est brûlant et souple, eclatant de chaleur et de beaute. Face à elle, inspire, et plus encore qu’à l’accoutume, le mythique Hans Hotter.
Pour Hans Sachs, Friedrich Schorr bien sûr, mais aussi Rudolf Bockelmann, noble et solide, impressionnant et emouvant, une statue, souple de forme, dure de matière.
Le CD 2 nous offre le Tannhaüser de Max Lorenz et l’Elisabeth de Maria Reining, duo eclaire de soleil. Puis Elisabeth Rethberg à nouveau, etonnante Elsa, dont on se demande, vu son autorite vocale, comment Ortrud et Telramund pourront la manoeuvrer. Deux curiosites ensuite : Aureliano Pertile, un des plus grands tenors italiens de son temps, en Lohengrin, et Hina Spani en Elsa. Aussi incongru que l’italien puisse paraître à nos oreilles, il ne dessert pas l’esthetique musicale de Wagner, du moins pour l’epoque de Lohengrin, c’est même peut-être le contraire.
Le CD 3 presente des deceptions et de taille : Frida Leider en Isolde, escamotant avec un art de prestidigitateur consomme les notes perilleuses. On a vante, avec raison, son medium et il est somptueux, mais cela ne suffit pas à faire une Isolde. Quand à celle de Nanny Larsen-Todsen, je passe charitablement sur des defaillances de justesse et d’emission inacceptables. Il ne faut jamais oublie que le fait d’avoir chante à Bayreuth n’est pas une reference inattaquable. Cosima, et elle resta influente jusqu’à sa mort en 1930, n’etait pas favorable aux belles voix ni au beau chant, elle y etait même souvent hostile, exacerbant jusqu’à l’absurde une opposition entre drame wagnerien et opera italien que jamais Richard n’avait voulu aussi farouche et obstinee. Mais les heritiers, les disciples se croient souvent tenus de fanatiser les idees du maître, de les statufier, par fidelite mal comprise, quand lui, dans la toute puissance de son genie pouvait se permettre la souplesse et même la contradiction. Mais trève de diversion, car voici Germaine Lubin, grande sacrifiee de l’histoire, sur scène comme au disque, et dont cette "Mort d’Isolde" nous fait amèrement regretter tout ce qui nous manque d’elle. L’elegance de l’elocution, la beaute du chant, sa tenue, la simplicite de sa ligne, et l’extase angelique où l’interprète atteint sont sans comparaison.
Meta Seinemeyer, en Sieglinde, et Max Lorenz, en Siegmund, terminent en beaute ce CD qui avait mal debute.
Le CD 4 commence et finit par la Brünnhilde, en français, de Marjorie Lawrence, idole de l’opera de Paris et du Metropolitan de New York, la seule Brünnhilde qui ait jamais saute sur son cheval pour se precipiter dans le bûcher de Siegfried. Un enregistrement de janvier 36, au Met, paru chez Naxos, temoigne de la surprise et de l’admiration du public devant cette performance. Mais au-delà de l’anecdote (un peu foraine), il y a la voix, une voix d’une etendue phenomenale allant de Brûnnhilde à Ortrud, de Herodiade à Amneris, de Brangäne à Salome.
Marcel Journet, Wotan de 61 ans, nous donne une exemplaire leçon de chant, Nissen confie la beaute de son timbre au Wanderer, tandis que Florence Austral, autre Brünnhilde australienne, attaque "Zu neuen Taten" avec une autorite impressionnante. L’improbable mais très seduisant Siegfried de Walter Widdop lui repond, tandis que la fièvre de ces adieux heroïques est entretenue par un orchestre electrise que dirige Albert Coates.
Quatre CDs precieux, quatre CDs pour île deserte, mais qui laissent des regrets : d’abord celui que ces voix se soient tues à jamais, ensuite que, quelle que soit la quantite de temoignages qu’elles nous laissent, ils sont toujours trop peu nombreux, enfin que cet "art de chanter Wagner" soit perdu, et à jamais peut-être. Car si, de temps à autre, un phenomène apparaît qui a nom Waltraute Meyer, Nina Stemme, ou Peter Seifert, quel desert autour d’eux.
Merci à ceux qui m’auront lu jusqu’ici.
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5.0 etoiles sur 5
Wagner de la grande epoque ! Indispensable !, 21 novembre 2009
Par Pèire Cotó (Occitània) - Voir tous mes commentaires(TOP 100 COMMENTATEURS)
Ce commentaire fait reference à cette edition : Les Introuvables (CD)
Tous les grands chanteurs wagneriens des annees vingt et trente essentiellement, tout au moins ceux qui ont ete enregistres par EMI, se retrouvent dans ces extraits. Les citer tous serait trop long; mais comparer Elisabeth Rethberg, Frida Leider, Meta Senemeyer, Friedrich Schorr, Lauritz Melchior, etc, à ce qui est aujourd’hui le chant wagnerien, est quelque peu cruel, pour ce qui est des moyens vocaux et, ce qui est aussi important, pour la noblesse de l’interpretation. Bien entendu, dans quelques cas, le sentiment d’un style vieilli peut se superposer à celui de l’admiration. On sait qu’à l’epoque, les operas etaient souvent chantes dans la langue du pays; nous trouvons donc quelques extraits en français ou en italien, ce qui peut surprendre aujourd’hui. Même si la voix humaine etait mieux respectee que l’orchestre par les enregistrements anciens, le son est ce qu’il est, le style, par ailleurs, est d’epoque; avouons cependant que ce serait dommage de ne pas connaître ces grandes personnalites.
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