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Shostakovich Chihara Bouchard Reviews and Opinions
1 internaute sur 2 a trouve ce commentaire utile :
5.0 etoiles sur 5
En particulier, pour la Sonate pour alto et piano Op. 147 de Chostakovitch, très bien interpretee, 7 janvier 2009
Par JRL (France) - Voir tous mes commentaires(TOP 500 COMMENTATEURS)
Ce commentaire fait reference à cette edition : Shostakovich Chihara Bouchard (CD)
La Sonate pour alto et piano Op. 147 est la dernière oeuvre ecrite par Chostakovitch, oeuvre dont il termina la correction des epreuves, alors qu’il etait dejà alite, quelques jours seulement avant sa mort. C’est certainement l’un des chef-d’oeuvres, intensement dramatique, à la fois de Chostakovitch et de toute la litterature pour cette formation instrumentale. Il l’ecrivit en sachant que cette oeuvre etait certainement sa dernière oeuvre, et elle constitue par suite, de fait, une sorte de testament, ecrit avec des notes. Chostakovitch n’a livre aucune cle, pratiquement aucune explication, presque aucun commentaire relatif à cette oeuvre. Ce serait toutefois, me semble-t-il, faire une contresens sur la vision qu’avait Chostakovitch de sa musique et de lui-même, que de chercher derrière les notes un quelconque « message » philosophique (ou, encore moins, politique), ou une « leçon » pretentieuse d’ecriture musicale destinee aux compositeurs futurs, ou bien une « image » de lui-même qu’il aurait voulu fabriquer lui-même, redigeant ainsi sa propre apologie. Mais cette oeuvre n’est, à l’evidence, pas « gratuite », n’est pas simplement « de l’art pour l’art » : elle semble être une evocation, sans aucun fard, de la vie d’un homme - de sa propre vie.
Mais que faut-il reellement voir, dans le Moderato initial, que Chostakovitch appelait enigmatiquement « une nouvelle », au delà de ce qui semble evoquer des images lointaines, si lointaines, pâles, intermittentes, angoissantes, diffuses, tenues, insaisissables, presque effacees... une enfance dont il ne resterait, au seuil de la mort, plus rien, ou presque
L’allegretto central fait un usage intensif de la musique de son Opera « Les Joueurs » d’après Gogol, oeuvre abandonnee en 1942 et que Chostakovitch n’acheva jamais ; un echec, parmi d’autres Les quatre-vingt-dix premières mesures de ce mouvement sont la stricte reduction de l’ouverture de cet Opera, la sorte chuchotement qui suit, particulièrement sinistre, la reprise d’un dialogue entre deux domestiques roublards ; puis l’on entends un monologue amoureux, toujours tire de l’Opera, d’une autre servante, s’accompagnant à la balalaïka ; puis de nouveau une danse, un peu grinçante, mais une danse tout de même... On dansait aussi sous Staline
L’adagio final est « un adagio à la memoire de Beethoven » comme l’a indique Chostakovitch lui-même, un hommage à la fois etrange et poignant, un hommage parfois quasi-allucinatoire, qui s’est probablement impose à Chostakovitch de façon irresistible plutôt qu’avoir ete un choix delibere de sa part, mais une musique dont Chostakovitch souhaitait qu’elle n’ecrase pas les executants : « cette musique est simple et claire » ; un hommage qui s’estompe progressivement, une hantise qui finit par s’achever pour la première fois dans une paix sereine, puis dans le silence...
La Sonate est dediee à Fyodr Druzhinin, altiste depuis 1964 du Quatuor Beethoven de Moscou, Quatuor à cordes qui avait cree treize des quinze Quatuors de Chostakovitch.
Kim Kashkashian, alto ; Robert Levin, piano.
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