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Furtwangler Conducts Beethoven Reviews and Opinions
5.0 etoiles sur 5
Peut-être la plus grande interpretation de la Neuvième de Beethoven de tous les temps, 14 janvier 2009
Par JRL (France) - Voir tous mes commentaires(TOP 500 COMMENTATEURS)
Ce commentaire fait reference à cette edition : Furtwangler Conducts Beethoven (CD)
Pour bien apprecier l’interpretation de cette Neuvième, il faut se replacer dans le contexte exact de l’epoque à laquelle elle fut executee, le 21 Mars 1942 à Berlin. A cet instant, l’Allemagne est à son apogee : la France a ete vaincue, l’Angleterre semble neutralisee, les Japonais ont aneanti la flotte des Etats-Unis à Pearl Harbor et progressent rapidement dans le Pacifique, l’Afrika Korps progresse victorieusement en Afrique du Nord vers le Canal de Suez et les champs petrolifères du Moyen-Orient, l’armee rouge ne semble plus être que l’ombre d’elle-même et seul l’hivers particulièrement rigoureux de 1941-42 a pu empêcher la prise de Moscou ; l’offensive doit reprendre dans quelques semaines, et ne peut que conduire à la prise des champs petrolières de la region de Bakou et, par le franchissement la Volga dans la region de Stalingrad mal defendue, suivi du contournement de l’armee bolchevique le long du flanc occidental de l’Oural, à la prise de Moscou à revers. La fin de la guerre, se traduisant par une inevitable victoire totale de l’Allemagne, ne semble donc plus être qu’une question de mois.
Il est bien connu que Wilhelm Furtwängler, comme semble-t-il beaucoup d’intellectuels (non juifs) allemands, etait, à la fois, très en accord avec l’ideologie nationale-socialiste, tout en meprisant Adolf Hitler, homme de petite extraction sociale dont, en particulier, les prejuges antisemites petits-bourgeois lui faisaient horreur. On sait par exemple qu’il s’opposa en 1933 avec succès au licenciement des interprètes juifs de la philharmonie de Berlin qu’il dirigeait, bien qu’il se soit tu lorsque ceux-ci, en raison des pressions dont eux et leurs familles faisaient par ailleurs l’objet, demissionnèrent tous dans les mois qui suivirent et qu’il n’en resta rapidement plus aucun au sein de l’orchestre. On peut penser qu’il attribuait les succès militaires allemands bien plus à l’Esprit germanique et à la valeur des generaux qui commandaient l’Armee allemande (Wilhelm Keitel, Alfred Jodl, Erich Von Manstein, Heinz Guderian, Friedrich (Von) Paulus, Erwin Rommel, Hermann Göring, Karl Dönitz...) qu’à Hitler.
L’interpretation du 21 mars 1942 de cette symphonie peut être consideree comme un hommage fervent rendu par Furtwängler à la Grandeur allemande et à l’Esprit germanique qui est cense la sous-tendre. Bien que les solistes et les choeurs ne soient pas les meilleurs de ceux qu’il eut l’occasion de diriger, il donne, ce jour là, à cette interpretation, une solennite de plus en plus imposante au fur et à mesure de la progression des mouvements, pour arriver à une apotheose grandiose dans « l’Hymne à la joie », s’achevant sur des accords finals inouïs et triomphants, donnant à cette symphonie un souffle comme il n’en avait jamais donne auparavant et comme il n’en donnera plus jamais par la suite, en particulier lors des interpretations qu’il continuera à donner de cette symphonie après la guerre.
Tilla Briem, Soprano ; Elisabeth Hongen, Mezzo Soprano ; Peter Anders, Tenor ; Rudolph Watze, Basse ; Chorus Bruno Kittel ; Berliner Philharmoniker, Wilhelm Furtwängler. Enregistre à Berlin, le 21 Mars 1942.
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