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Tannhäuser Reviews and Opinions
17 internautes sur 17 ont trouve ce commentaire utile :
5.0 etoiles sur 5
La version studio, pour moi, de reference, 12 juin 2008
Par Soulier - Voir tous mes commentaires(TOP 500 COMMENTATEURS)
(VRAI NOM)
Ce commentaire fait reference à cette edition : Wagner : Tannhäuser (Integral) (CD)
Comme la plupart des enregistrements diriges par Solti et realises par DECCA, la direction, dès l’ecoute de la scène d’ouverture ou l’ambiguïte decadente de la vie venusienne est particulièrement bien exprimee (la version de 1995 dirigee par Metha retranscrit visuellement toute cette ambivalence de manière assez juste) se fait d’une precision millimetree, calibree avec une rare coherence, animee par ce que tous les pseudo detracteurs de Solti lui reprochent sempiternellement, c’est à dire une aisance dramatique certaine, doublee d’une aptitude à retranscrire la partition de manière, certes dès fois un peu brusque, à la limite de l’âprete, mais egalement d’une douceur et d’une poesie que les autres versions se sont contentees de simplement effleurer, tandis que le chef, pour sa part, semble embrasser à bras le corps. Un chef non atteint de la penible maladie du « demi-sentiment » - surtout chez Wagner - est plutôt agreable à ecouter. Cette version parisienne de Tannhäuser n’echappe donc pas à la « patte » expressionniste de Solti.
L’ouverture, si expressive dans presque tous les operas de Wagner, est rendue de manière passionnee et passionnelle. Les tempi, assez rapides, permettent au drame de se mettre en place assez rapidement. De manière identique aux Maîtres-chanteurs ou aux Fees, des choeurs particulièrement emouvants viennent clore l’ouverture pour laisser place aux solistes de l’acte I. Kollo, dans le rôle de Tannhäuser, obtient là - à mon sens - le rôle qui semble le mieux mettre en valeur ce timbre plein aux mediums heroïques et aux aigus assures (quoique toujours un peu laborieux, collant cependant assez bien avec les tourments du ledit rôle). Kollo, du moins durant ce premier acte, peut se targuer d’incarner un rôle que l’on ne peut à present ne plus voir autrement que par lui. Son monologue : « Die töne Lob ! [...] » est interprete avec beaucoup de justesse psychologique, sorte de lassitude mêlee à une profonde exasperation matinee d’une melancolie certaine pour cette vie qui semble ne plus lui correspondre (il est vrai que les conditions d’enregistrement ne peuvent qu’amplifier cette aisance que l’on devine toutefois naturelle). Si l’on compare avec l’autre grand enregistrement de reference, c’est à dire la version enregistree à Bayreuth et dirigee par Sawallisch en 1962 avec Windgassen dans le rôle titre, il est indeniable de remarquer que celui-ci transporte en son chant l’emotion extraordinairement cassee qui est normalement la sienne durant le troisième et dernier acte. A contrario, le Tannhäuser du premier acte, quoique affaiblit, n’a connu ni son voyage redempteur à Rome, ni la perte de celle qui le fit - entre autre - quitter son venusberg etouffant de superficialite. Pour sa part, Kollo interprète avec une flamboyance bien à lui ce heros « première version », encore vierge de toute cassure trop profonde.
Ludwig, dans le rôle de Venus, incarne egalement assez bien la tentatrice qui sait tour à tour être enjôleuse ou semblable à une harpie au sens grec du terme. La tessiture de Ludwig, encore epargnee de ce côte matrone typiquement « flagstadien », souple et ne s’effilochant pas dans les aigus, recèle un charme dont le personnage a indeniablement besoin (que l’on se rappelle la Venus terriblement charmante - il est vrai aidee par un physique dès plus avantageux - de Waltraud Meier. A contrario, on s’empressera d’oublier l’interpretation âpre au timbre emotionnellement assez mal structure de Bumbry). Le duo Ludwig/Kollo ne pâtit donc pas d’un desequilibre vocal que nous ne pouvons que regretter dans certaine autre version. Pour atteindre un triptyque des plus coherent, la baguette genereuse de Solti distille une tension sous-jacente, lancinante mais pourtant bien reelle, à certain moment eclatante au grand jour, à d’autre murmuree à travers une lecture avant tout coherente de la partition. Reactif et suivant au millimètre près cette forme de direction emportee et terriblement genereuse, le Philharmonique reste fidèle à sa reputation.
Rarement, une osmose solistes-chef-orchestre aura ete aussi nette, soulignee de manière aussi naturelle.
La scène 2 debute par l’arrivee massive des Pelerins (qui n’ont rien à envier aux legendaire choeurs de Pitz) entrecoupes du chant terriblement innocent du jeune Pâtre jouant de la tenora. La distorsion, avant tout musicale, expose de manière abrupte et pourtant si naturelle la rencontre de deux monde totalement oppose, viril et puissant d’un côte, innocent et enfantin de l’autre.
Solti accentue volontairement cette fameuse distorsion dejà presente au sein de la partition et la laisse eclater à travers cette rencontre qui se revèle être - à mes yeux - un des moment les plus emouvant et les plus inventifs chez Wagner. Cela, aucune autre version propose une telle lecture des evenements (en partie parce que le rôle chantee par une soprano ampute toute candeur au rôle), un tel partie pris, dans le but evident de faire confronter deux schemas à la base antinomistes, des hommes bravants les dangers d’un pèlerinage dans un but bien precis d’un côte et la candeur d’un enfant faisant paître ses brebis, seul, loin de toute civilisation de l’autre. L’enregistrement studio permet des effets plutôt reussie, c’est à dire que l’on peut deviner le sens de la marche des Pelerins à travers leurs « deplacements », comme si nous assistions nous-mêmes à cette parade des plus impressionnante. Habile procede que seul le studio peut permettre.
Les rôles secondaires sont, dans l’ensemble, plutôt bien abordes. Bailey, dans le rôle de Reinmar, confère toujours à ses personnages - à l’exception notable de son Hollandais dirige egalement par Solti - un timbre au vibrato assez intense, apportant une lourdeur qu’une psychologie du rôle ainsi qu’un « metier » evident parvient cependant à rehausser de temps en temps. Les autres chevaliers menestrels habitent leurs rôles respectifs de manière coherente et particulièrement juste.
Mention speciale au Wolfram de Braun.
Dernesch confère à Elisabeth une fragilite combative qui rend l’approche du ledit rôle assez interessant, d’autant plus dote de nuance des plus fine alors que sa puissance, que l’on sent couver dès fois de manière impressionnante, est laissee intelligemment de côte pour embrasser un rôle que l’on devine assez difficile à interpreter (Secunde, dans la version Metha, campe egalement une Elisabeth des plus reussie).
Le 3ème acte, sans pour autant le deshonorer - loin de là - confère à kollo une approche un peu legère du Tannhäuser redempteur et atteint d’etranges hallucinations, couvant une folie que l’on sent, plus le drame avance, s’encrer en lui de manière irremediable (interessant de mettre en parallèle la mort de Tannhäuser et de Siegfried, atteint tout d’eux, lors de leur agonie, d’un etat hallucinatoire, voire delirant assez troublant). Excellant dans une fougue se mariant particulièrement bien avec son timbre, Kollo ne parvient cependant pas à toucher du doigt la cassure ineffaçable qui est celle du heros lors de ce dernier acte. Dommage, parce que l’on sent que la volonte est là et le desir de bien faire egalement. Sans version comparative, son interpretation se revelerait être des plus satisfaisante, voire particulièrement juste. Mais voilà, Windgassen est passe par-là, et il est tout simplement phenomenal. Et quand je dis phenomenal, je pèse mes mots.
Hurlant au propre comme au figurer son desespoir, brise, terrasse par cette chape de plomb se refermant peu à peu sur lui, Windgassen, survolte comme rarement un soliste l’a su l’être dans ce rôle, teinte ce final d’une lumière etrange, etouffante, extrême, emotionnellement à la limite de ce qu’une voix peut atteindre. Bref, un sommet du chant wagnerien. Jamais atteint. Et je pense, sans aucun regret, qu’il ne le sera jamais.
Après une interpretation si epoustouflante, tout soliste paraîtrait transparent. Kollo, le talent aidant, reste bien dans la lumière, il est vrai une lumière un peu pâle à certain moment, mais sa presence renforce ces quelques manquements aureoles à l’extrême par Windgassen et son inoubliable interpretation.
Le final emprunte les même codes de distorsion que l’on a connu lors de la confrontation entre les Pelerins et le jeune Pâtre. Ici, les jeunes Pelerins, aux voix clairement enfantines, sont confrontes au reste des protagonistes distillant des accents fascinants à ce final. D’ailleurs, Solti impose une battue rapide et passionnee digne d’une precision metronometrique, entraînant tout ce maelström coherent au sein d’un final etourdissant de sentiment divers, d’une beaute inedite et surtout recelant une etrange atmosphère, baignant peu à peu la pièce dans laquelle nous nous trouvons, nous faisant ainsi rester quelques secondes hebetes et etourdis par tant d’emotions successives.
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7 internautes sur 12 ont trouve ce commentaire utile :
3.0 etoiles sur 5
Une bonne version un peu surestimee, 26 septembre 2009
Par Stephane B. "Stephane B." (France) - Voir tous mes commentaires(TOP 100 COMMENTATEURS)
Ce commentaire fait reference à cette edition : Wagner : Tannhäuser (Integral) (CD)
Et si le principal merite de Solti dans Wagner etait d’avoir ete un precurseur
Après avoir enregistre le premier Ring integral en stereo, il nous offre pour la première fois Tannhauser dans la version Paris dans une qualite technique irreprochable et même assez epoustouflante.
Pourtant cette version est loin d’être une reference absolue et comporte un certain nombre de failles que l’on ne peut ignorer.
Son principal defaut est d’ordre vocal, les geants qui avaient assure la reussite de son ring sont partis et le plateau illustre dejà la crise du chant wagnerien qui ira en s’amplifiant. Dernesch est insuffisante en Elisabeth ; Braun carrement indigne en Wolfram, rôle pourtant essentiel, l’opposition Tannhauser/Wolfram etant à mon sens aussi importante que l’opposition Venus/Elisabeth ; Sotin ennuyeux ; Kollo avait encore une belle voix mais est-il un wagnerien je ne le crois pas et ses enregistrements ulterieurs le confirmeront. Heureusement il reste C.Ludwig pour sauver la distribution, là nous sommes à l’oppose, la meilleure Venus de la discographie et de loin.
Finalement la meilleure surprise est peut-être Solti, pour une fois le bouillant chef hongrois ne cède pas trop à ses tics et si je suis assez reticent à ses options esthetiques dans Wagner, Tannhauser est peut-être l’opera qu’il reussit le mieux de son integral Wagner.
En l’etat actuel de la discographie de Tannhauser, il est difficile de faire la fine bouche et ce coffret reste recommandable.
Je garde cependant ma preference à la version de Sawallisch captee à Bayreuth en 1962 même si elle n’est aujourd’hui disponible que dans le coffret integral Wagner publie par Decca.
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