Prix :
Beethoven : Symphonie n° 6 Pastorale / R. Strauss : Don Juan / Wagner : Prélude de Parsifal Reviews and Opinions
5.0 etoiles sur 5
Un splendide hommage à Karel Sejna, 17 juin 2007
Par Melomaniac (France) - Voir tous mes commentaires(COMMENTATEUR N° 1)
Ce commentaire fait reference à cette edition : Beethoven : Symphonie n° 6 "Pastorale" / R. Strauss : Don Juan / Wagner : Prelude de "Parsifal" (CD)
Les teintes agrestes, l’aeration de la texture instrumentale qui caracterisent la sonorite creusee de la Philharmonie tchèque sont ideales pour servir la poesie champêtre de la "Pastorale".
Cette Sixième symphonie sera un des meilleurs maillons du cycle integral que gravera Paul Kletzki dans les annees 1960, et Erich Kleiber en laissera un passionnant temoignage en 1955, capte par les micros de la Radio tchèque.
Enregistree originellement pour Supraphon en mars 1953 et ici republiee dans cette reedition japonaise, la lecture de Karel Sejna est extrêmement radicale : lignes tendues à rompre, saturation des couleurs, perfection du discours.
Le pupitre de violons est un regal en soi : jeu en staccato, precision des coups d’archets, parfait dosage de la pression sur les cordes. On a rarement entendu un phrase aussi soigne et respectueux de la prosodie et des nuances dynamiques.
Les bois sont une autre source de delectation : nettete des attaques, precision du souffle, pour un timbre piquant et vif qui restitue toute sa verdeur au pepiement du trio d’emplumes à la fin de la scène du ruisseau.
Pour autant, Sejna evite le piège de toute description naturaliste : sa direction serree et cursive retend le canevas de cette oeuvre que les chefs ont habituellement tendance à jouer large.
Sans ceder à la tentation picturale, l’evocation est quintessenciee, comme le souhaitait Beethoven.
Dans cette optique, on n’a jamais fait mieux : cette lecture epuree, surgie d’une discographie qui l’avait oubliee, retrouve sa place aux côtes de Furtwängler, Abendroth, Cluytens et Böhm.
Dans le Prelude de "Parsifal", grave en novembre 1963, la finesse du grain et l’eclat des cuivres seront sans doute peu apprecies par les melomanes qui prefèrent un Wagner epais et sombre.
Rassurez-vous : la luminosite du contraste ne dissipe pas la magie du climat, inspiree par une intelligente coherence de vision.
Tout comme ce "Don Juan", qui beneficie d’une interpretation proprement miraculeuse : les delices melliflues de l’orchestration straussienne s’infusent dans une serie d’images merveilleuses, unifiee par une continuite narrative qui ne faiblit jamais.
Les prises de son ont ete soigneusement remasterisees et manifestent une nettete et un relief qui rejouiront même les audiophiles.
Même si le programme est un peu heteroclite, voilà une carte de visite qui rend superbement honneur à la baguette de Karel Sejna.
Quelle que soit la raison pour laquelle vous achèterez ce disque, ce sera la bonne.
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