mardi 17 mai 2011

Beethoven: The Piano Sonatas


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Beethoven: The Piano Sonatas Reviews and Opinions



14 internautes sur 16 ont trouve ce commentaire utile :
4.0 etoiles sur 5
Une des premières integrales de l’histoire du disque, 5 decembre 2009
Par DUNCANIDAHO "DUNCANIDAHO" (FRANCE) - Voir tous mes commentaires(TOP 50 COMMENTATEURS)
  
Ce commentaire fait reference à cette edition : Beethoven : les 32 Sonates pour piano (CD)
Wilhelm Backhauss fut avec Arthur Schnabell (qui fut le premier à enregistrer les 32 sonates de Beethoven) et Edwin Fisher, un de ces pianistes qui decida de revenir à une rigueur plus academique dans l’interpretation des classiques de l’oeuvre pour piano (comme Maria Callas le fit plus tard pour l’opera).
En effet dans les annees 30 certains pianistes virtuoses prirent certaines libertes avec les partitions et quelques fois les interpretations (de Chopin notamment) n’avaient qu’un lointain rapport avec les oeuvres telles que les compositeurs les avaient concues.
Tout cela pour dire qu’il ne faut pas s’attendre à la moindre fantaisie dans ces interpretations d’un pianiste qui fut souvent critique pour ses vues dogmatiques mais à qui il faut reconnaitre un touche et une vision de l’oeuvre hors du commun.
Cette integrale risque de paraitre un peu austère pour ceux qui sont habitues à celles de Nat et Kempff.
De plus Backhauss a pris l’option de ne jouer que rarement les reprises ce qui fait que certaines sonates nous paraissent un peu "courtes".
Ses restrictions misent à part, on sent ici un respect quasi religieux pour Beethoven de la part du grand pianiste et certaines sonates en sont transfigurees.
On pourra regretter un certain manque de poesie mais cela n’etait pas dans les vues de Backhauss.
Cela reste tout de même un des grandes integrales encore disponibles avec Nat, Kempff, Brendel III et Arrau.
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 Remarques sur ce commentaire (5)
16 internautes sur 27 ont trouve ce commentaire utile :
5.0 etoiles sur 5
L’integrale la plus fouillee des sonates pour piano de Ludwig van Beethoven, 11 août 2007
Par Julien Mosa "MosaJulien" (Saint-Jean Pied de Port, 64.) - Voir tous mes commentaires(TOP 500 COMMENTATEURS)
  
(VRAI NOM)
  
Ce commentaire fait reference à cette edition : Beethoven : les 32 Sonates pour piano (CD)
Ludwig van Beethoven composa trente-deux sonates pour piano (plus trois petites sonates de jeunesse Wo0 47, qu’il composa en 1782, alors qu’il n’avait qu’une douzaine d’annees). Il s’agit de la somme la plus importante de sa production (exceptes evidemment ses "lieder", au nombre de quatre-vingt six, et ses abondants arrangements de "chants populaires", d’Irlande, d’Ecosse et du Pays de Galles en particulier). De 1784 à 1822 (cinq annees avant son decès) s’etalèrent la redaction de ses sonates ; hormis les dernières annees de sa vie, Ludwig van Beethoven ne cessa d’ecrire pour le piano, cherchant à traduire ses pensees les plus profondes par le biais de son instrument fetiche.
Les trois premières sonates pour piano de Ludwig van Beethoven portent le numero d’opus 2. Elles furent composees entre 1794 et 1795, et dediees à Franz-Joseph Haydn, qui fut professeur du jeune Ludwig van Beethoven de novembre 1792 à janvier 1794. Dans le troisième mouvement de la sonate n°2 en la majeur op. n°2, Ludwig van Beethoven remplaça le "menuet" traditionnel par un "scherzo", ce qui fut une marque primordiale de la pensee moderne du jeune compositeur. La critique et le public accueillirent ces trois sonates chaleureusement, mais leur dedicataire un peu moins : Franz-Joseph Haydn aurait dit à Ludwig van Beethoven "Vous ne manquez pas de talent, mais il vous faut encore vous instruire" (les deux hommes entretenaient des rapports pas toujours aises : le maître tolerait assez mal l’audace et l’indiscipline de son elève). La sonate pour piano n°3 en ut majeur op.2 n°3 est la plus virtuose de ces trois sonates. La sonate pour piano n°4 en mi bemol majeur op.7 fut composee entre 1796 et 1797, et dediee à la comtesse Anna-Luisa de Keglevics. Ludwig van Beethoven baptisa son oeuvre de "Grande sonate" ; elle fut publiee seule, ce qui etait inhabituel pour l’epoque. Les trois sonates suivantes (n°5 à 7), font partie de l’opus 10. Elles furent composees en 1797 et dediees à la comtesse Anne Margarete von Browne (la femme du mecène de Ludwig van Beethoven). La sonate pour piano n°5 en ut mineur op.10 n°1 fut accueillie tièdement par la critique : "Il n’y a pas beaucoup d’artistes auxquels on puisse dire : "Epargne tes tresors et uses-en avec menagement"...". La sonate pour piano n°7 en ut majeur op.10 n°3 est plus longue que les deux precedentes de l’opus 10 et elle se situe à un niveau assez superieur que celles-ci. La sonate pour piano n°8 en ut mineur dite "Pathetique" op.13 fut composee entre 1798 et 1799 ; elle fut publiee sous le titre français "Grande sonate pathetique", avec une dedicace au prince Carl von Lichnowsky, mecène de Ludwig van Beethoven depuis l’arrivee à Vienne en 1792 du tout jeune compositeur. Cette sonate appartient à la periode où Ludwig van Beethoven commençait à affirmer son propre style et à se detacher à l’influence de Franz-Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart. Brillante et novatrice, certains musicologues considerèrent par le passe et considèrent actuellement cette sonate comme le premier chef-d’oeuvre pianistique de son auteur. Les sonates pour piano n°9 en mi majeur et n°10 en sol majeur de l’opus 14 furent composees en 1798 et dediees à la baronne Josefa von Braun. La sonate pour piano n°9 en mi majeur op.14 n°1 est, malgre la numerotation, anterieure à la sonate pour piano n°8 en ut mineur dite "Pathetique" op.13 ; Ludwig van Beethoven en fit un arrangement pour quatuor à cordes en 1802. La sonate pour piano n°10 en sol majeur op.14 n°2 fut composee avant la sonate pour piano n°9 en mi majeur op.14 n°1, mais publiee après, ce qui lui vaut cette numerotation-là. La sonate pour piano n°11 en si bemol majeur op.22 fut composee entre 1799 et 1800, et dediee à son mecène le comte von Browne. La sonate pour piano n°12 en la bemol majeur op.26 fut composee entre 1800 et 1801 et dediee à son mecène le prince Carl von Lichnowsky. Ludwig van Beethoven donna le titre de "Marche funèbre sur la mort d’un heros" au troisième mouvement de cette sonate ; actuellement, personne ne sait à quel "heros" Ludwig van Beethoven fit reference. La structure de cette sonate est inhabituelle ; elle debute par un mouvement lent, "andante" sur un "thème et variations", avant de se poursuivre classiquement par le schema "rapide-lent-rapide". La sonate pour piano n°13 en mi bemol majeur op.27 n°1 fut composee entre 1800 et 1801 et dediee à la princesse Liechtenstein. Elle est intitulee "Sonata quasi una fantasia", ce qui traduit l’idee d’un style proche d’une improvisation. La sonate pour piano n°14 en ut dièse mineur dite "Claire de lune" op.21 n°2 fut composee en 1801 et dediee à la comtesse Giulietta Guicciardi, une jeune femme de dix-sept ans dont Ludwig van Beethoven etait amoureux. Comme sa "jumelle" (la sonate pour piano n°13 en mi bemol majeur op.27 n°1), Ludwig van Beethoven l’intitula "Sonata quasi una fantasia". Cette sonate fut ecrite dans une periode de crise morale que traversait son auteur, qui prenait conscience de sa surdite croissante. Son succès fut considerable, tant auprès de la critique (qui parla d’une fantaisie d’une unite parfaite, inspiree par un sentiment nu, profond et intime, taille d’un seul bloc de marbre) que du public. Des annees plus tard alors qu’il composait des oeuvres plus audacieuses encore, Ludwig van Beethoven s’irrita du succès de cette sonate qu’il estimait moins bonne que les autres. Le surnom de "Clair de lune" lui fut attribue par le poète allemand Ludwig Rellstab en 1832 ; il voyait dans le premier mouvement "adagio sostenuto" l’evocation d’une "barque au clair de lune sur le Lac des Quatre Cantons". Ludwig van Beethoven ne sut jamais rien de cette appellation subjective, dont il est fort possible qu’elle ne traduise nullement les intentions du compositeur. La sonate pour piano n°15 en re majeur dite "Pastorale" op.28 fut composee en 1801, publiee sous le titre de "Grande sonate pour le piano-forte" et dediee au comte Joseph von Sonnenfels. Crantz, l’editeur de Ludwig van Beethoven, lui attribua le titre de "Pastorale". Cette sonate fut composee quelques semaine après la sonate pour piano n°14 en ut dièse mineur op.27 n°2, durant la periode morale difficile que traversait Ludwig van Beethoven ; mais rien n’y paraît dans cette oeuvre somme toute sereine. Les trois sonates suivantes, n°16 à 18, portent le numero d’opus 31. Elles furent composees en 1802 et dediees à la comtesse Anna Margarete von Browne. La sonate pour piano n°16 en sol majeur op.31 n°1, malgre sa numerotation, fut ecrite après la sonate pour piano n°17 en re mineur dite "La tempête" op.31 n°2. Cette dernière doit son surnom "La tempête" non pas à son auteur, mais c’est pourtant bien lui qui aurait conseille à ses auditeurs de lire la comedie "La tempête" de William Shakespeare pour en comprendre le sens de sa sonate. L’atmosphère plus sombre que recèle cette sonate par rapport à celles composees à cette periode s’explique au desemparement du compositeur devant sa surdite qui s’affirmait de plus en plus. La sonate pour piano n°18 en mi bemol majeur op.31 n°3 est la dernière des sonates de Ludwig van Beethoven à comporter plus de trois mouvements, hormis les sonates pour piano n°28 en la majeur op.101 et n°29 en si bemol majeur dite "Hammerklavier" op.106. C’est egalement la dernière sonate de son auteur à inclure un authentique "menuet" de facture classique. Les sonates pour piano n°19 en sol mineur op.49 n°1 et n°20 en sol majeur op.49 n°2 furent respectivement composees en 1798 et 1796 ; elle ne parurent qu’en 1805, ce qui explique leur numero d’opus avance. Elles sont toutes deux nommees "Sonates faciles". La sonate pour piano n°23 en ut majeur dite "Waldstein" op.53 fut composee entre 1803 et 1804 et dediee au comte Ferdinand von Waldstein, ami et protecteur de Ludwig van Beethoven depuis 1784. Son surnom de "Sonate Waldstein" lui est reste attache. La sonate pour piano n°22 en fa majeur op.54 fut composee en 1804. Elle ne comporte aucune dedicace, ce qui est assez rare dans le catalogue des oeuvres de Ludwig van Beethoven. La sonate pour piano n°23 en fa mineur dite "Appassionata" op.57 fut composee entre 1804 et 1805 et dediee au comte Franz von Brunswick, ami et admirateur de Ludwig van Beethoven. C’est une sonate sombra et très mouvementee. Le titre fut ajoute ulterieurement par l’editeur du compositeur. Par la suite, l’ecrivain français Romain Rolland qualifia cette oeuvre de "torrent de feu dans un lit de granit". La sonate pour piano n°24 en fa dièse majeur dite "A Therèse" op.78 fut composee en 1809 et dediee à son ami la comtesse Therèse von Brunswick. Malgre sa brièvete (deux courts mouvements), cette sonate virtuose etait appreciee de son auteur. La sonate pour piano n°25 en sol majeur op.79 fut composee en 1809. Elle est surnommee "Sonate facile" ou "Sonatine". La sonate pour piano n°26 en mi bemol majeur dite "Les adieux" op.81a fut composee entre 1809 et 1810. Ludwig van Beethoven la dedia à son elève et ami l’archiduc Rodolphe d’Autriche, le frère le plus jeune de l’empereur d’Autriche. Le sous-titre "Les adieux" de cette sonate reflète le depart de l’archiduc Rodolph en 1809, contraint avec sa famille de quitter Vienne occupee suite à la guerre de Weimar. Le premier mouvement "Les adieux" symbolise l’exil et les regrets. Les second et troisième mouvements intitules "L’absence" et "Le retour" furent ecrits peu après le retour de l’archiduc Rodolphe dans la capitale autrichienne. Le troisième mouvement "Le retour" est joyeux et expressif. La sonate pour piano n°27 en mi mineur op.90 fut composee en 1814 et dediee au prince Moritz Lichnowsky, en l’honneur de son mariage. Le premier mouvement, intitule pour la première fois en allemand ("Mit Lebhaftigkeit und durchaus mit Empfidung und Ausdruck") se doit d’illustrer le debat entre "la tête de la coeur" et le second mouvement "Nicht zu geschwind und sehr singhar vorzutragen" une "conversation avec sa bien-aimee". La sonate pour piano n°28 en la majeur op.101 fut composee en 1816 et dediee à la baronne Dorothea Cecilia Ertmann, que Ludwig van Beethoven surnommait affectueusement sa "Sainte-Cecile". Comme la sonate pour piano n°29 en si bemol majeur op.106 ; elle est destinee au "Hammerklavier" (piano-forte). La sonate pour piano n°29 en si bemol majeur op.106 fut composee sur deux annees, entre 1817 et 1819 ; la dedicace alla à l’archiduc Rodolphe. Intitulee "Grande sonate pour la piano-forte", elle est destinee au "Hammerklavier", invention allemande (le terme signifie litteralement "clavier à marteaux") qui marque une claire distinction entre les cordes frappees du piano moderne et les cordes pincees du clavecin, ainsi que la caractère très percussif de l’instrument. Ludwig van Beethoven confia à son editeur après la publication de cette sonate : "Voilà une sonate qui donnera de la besogne au pianistes, lorsqu’on la jouera dans cinquante ans". Le troisième mouvement "adagio sostenuto" possède une ampleur remarquable (près de vingt minutes), ce qui en fait le plus long mouvement lent qu’ait ecrit Ludwig van Beethoven. La sonate pour piano n°30 en mi majeur op.109 fut composee en 1820 et dediee à Maximiliana Brentano. La sonate pour piano n°31 en la bemol majeur op.110 fut composee en 1821 ; il s’agit de la seconde et dernière sonate sans dedicace. L’ultime sonate pour piano de Ludwig van Beethoven, la n°32 en ut mineur op.111, fut composee sur deux annees, entre 1820 et 1822. Son second et dernier mouvement, une "arietta" à variations, est souvent surnomme "l’adieu à la sonate". La composition de cette ultime sonate a represente un travail long et complexe de la part de son auteur, puisant son inspiration bien plus loin que nombre de personnes pourraient le croire. Au depart, la sonate devait être dediee à Antonia Brentano. Mais il se ravisa, et dedia cette dernière ses Trente-trois "Variations sur un thème d’Anton Diabelli" pour piano en ut majeur opp.120. Ce fut l’archevêque Rodolphe qui fut le dedicataire de la dernière sonate pour piano de Ludwig van Beethoven. La difficulte tant pianistique que musicale de cette oeuvre valut à son auteur une incomprehension totale d’une partie du monde musical de l’epoque. Avant même sa parution en 1823, le travail d’edition s’etait avere particulièrement difficile : les copistes, graveurs et correcteurs s’etaient trouve confrontes à une partition d’une complexite inedite. Cette sonate mit beaucoup de temps à s’imposer ; ce n’est qu’à partir de la fin du dix-neuvième siècle, grâce à des pianistes comme Theodore Ritter ou Hans von Bülow qu’elle se familiarisa auprès du grand public.
Lorsque l’auditeur se trouve en presence d’une integrale quelle qu’elle soit, il y a toujours du bon, du très bon et du moins bon. C’est evidemment le cas ici, dans cette fabuleuse somme gravee pour la plupart des sonates dans les annees 1960 par le grand pianiste allemand Wilhelm Backhaus, alors en toute fin de carrière. Ses gravures de l’integrale des sonates pour piano de Ludwig van Beethoven sont d’une clarte analytique très troublante, et l’ivresse sonore qu’il propose à quasiment chaque mesure est pour ainsi dire etourdissante. Je vais essayer, sonate par sonate, de commenter ce que j’ai ressenti. Wilhelm Backhaus place dans la droite lignee des compositeurs de l’epoque dite "classique" (juste avant celle de Ludwig van Beethoven) les trois premières sonates de l’opus 2 ; l’homme à Franz-Joseph Haydn est donc bien expose ; le pianiste allemand propose plusieurs mouvements dans un style totalement "mozartien" (notamment l’"adagio" de la sonate pour piano n°1 en fa mineur op.2 n°1, le "rondo : grazioso" de la sonate pour piano n°2 en la majeur op.2 n°2 et le "scherzo & trio : allegro" de la sonate pour piano n°3 en ut majeur op.2 n°3. L’interpretation proposee par Wilhelm Backhaus dans la sonate pour piano n°3 en ut majeur op.2 n°3 est tournee vers les oeuvres de maturite du maître de Bonn, ce qui annonce les "grandes sonates" de Ludwig van Beethoven. Wilhelm Backhaus avait 84 ans et 85 ans lorsqu’il grava les deux dernières sonates de l’opus 2 ; sa virtuosite qui n’avait rien perdu, sa velocite et son entrain n’appellent que des eloges (comme dans la plupart des gravures de toutes les sonates). La prise de son est, pour cet opus 2, assez terne et voilee, bien que très analytique. La sonate pour piano n°5 en ut mineur op.10 n°1 souffre d’un "finale : prestissimo" joue assez rapidement mais pas assez "prestissimo", ce qui alourdit ce mouvement ; dommage, car il s’agissait là d’une reference quasi-absolue de cette sonate ; de plus, la prise de son etait là meilleure que pour les trois sonates de l’opus 2. Dommage, mais chapeau quand même à monsieur Backhaus. La sonate pour piano n°4 en mi bemol majeur op.7 beneficie d’une implication physique et d’une remarquable velocite (surtout dans le dernier mouvement "rondo : poco allegretto e grazioso") du pianiste ; Wilhelm Backhaus cerne là avec grande intelligence l’esprit du "grand Beethoven", et en exhale toute la puissance. La sonate pour piano n°6 en fa majeur op.10 n°2 est interpretee dans une juste optique, il faut là encore saluer la velocite du pianiste dans le dernier mouvement "presto" qui est pour le coup bien respecte. L’interpretation de la sonate pour piano n°7 en re majeur op.10 n°1 est un peu plus decevante. Pourtant, Wilhelm Backhaus offre dès le premier mouvement "presto" une bonne introduction à la suite de la sonate ; malheureusement, il passe à côte du "largo e mesto" ("lent et triste") : son jeu est plutôt "andante" ("allant") et exprime plus des regrets que de la tristesse. Le "menuetto e trio : allegro" suivant est lui par contre joue trop lentement. Mais Wilhelm Backhaus conclut la sonate en faisant à clin d’oeil à l’humour beethovenien dans les syncopes du "rondo : allegro". La sonate pour piano n°8 en ut mineur dite "Pathetique" op.13 est, avec d’autres "sonates à titre", une des grandes reussites de cette integrale. Dans le "grave - allegro di molto e con brio", Wilhelm Backhaus offre une plenitude sonore presque enivrante ; il use (et abuse) de "rubatos", mais qui mettent bien en valeur les differentes structures du mouvement. L’"adagio cantabile" central est très "chantant", très lyrique, mais il est pour le coup desservit par une prise de son qui a mal vieilli (stereo de 1958) : le piano sonne metallique. Dommage. Le "rondo : allegro" final demarre un rien lentement, mais Wilhelm Backhaus rectifie le tir au bout de quelques mesures pour garder un veritable tempo "allegro" tout le reste du mouvement. La melodie principale s’en trouve très bien distillee. Les interpretations des sonates pour piano n°9 en mi majeur op.14 n°1 et n°10 en sol majeur op.14 n°2 demontrent que Wilhelm Backhaus, à 84 ans, maîtrisait encore à la perfection les touches de son piano, ainsi que la psychologie contenue dans les partitions (le dernier accord de l’"andante" de la sonate pour piano n°10 en sol majeur op.14 n°2 reserve une petite surprise). La sonate pour piano n°11 en si bemol majeur op.22 est elle aussi interpretee d’une manière magistrale ; l’"allegro con brio" introductif possède par exemple sous les doigts du pianiste allemand une ampleur qui l’assimile à une "ouverture d’opera". Dans la sonate pour piano n°12 en la bemol majeur op.26, Wilhelm Backhaus restitue une vision très, voire trop personnelle de chaque mouvement. L’"andante con variazion" beneficie d’un jeu très analytique et donc d’une differenciation très claire de chaque variations. Le "scherzo e trio : allegro molto" central jouit d’une interpretation très "beethovenienne" (enjoue, sarcastique, virtuose) au meilleur sens du terme. La "marcia funebre sulla morte d’un eroe" est plus problematique. Le pianiste fait plus ressortir le côte "heroïque" que funèbre de cette pièce, malgre que, lors des notes repetees au milieu du mouvement, l’auditeur aura l’impression d’un veritable glas qui sonne). L’"allegro" final permet au pianiste de dechaîner ses doigts ; il s’en donne à coeur joie dans cette pièce brève, peut-être en survolant en y survolant simplement le fond. La sonate pour piano n°13 en mi bemol majeur dite "Quasi una fantasia" op.27 n°1 beneficie d’une interpretation de haut vol, et l’auditeur sera encore une fois stupefait de la velocite imprimee par le pianiste. La sonate pour piano n°14 en ut dièse mineur dite "Clair de lune" op.27 n°2 possède un "adagio sostenuto" rêveur à souhait, malgre quelques rubatos intempestifs (qui sont la signature de Wilhelm Backhaus). Curieusement, le court "allegretto e trio" est joue trop lentement et traînaille inutilement. Le "presto" est un des grands moments de ce coffret. Wilhelm Backhaus maîtrise son piano à la perfection ; de plus, son jeu très analytique permet de bien mettre en evidence les differents plans sonores du mouvement. Ainsi, le contraste avec le mouvement initial est assez fort. Wilhelm Backhaus offre une interpretation très extravertie et très virtuose de la sonate pour piano n°15 en re majeur dite "Pastorale" op.28 ; ses engagements physique et spirituel n’appellent que des eloges. Une autre grande reussite de ce coffret. C’est dans le "rondo : allegretto - presto" final de la sonate pour piano n°16 en sol majeur op.31 n°1 que l’auditeur se "saoulera" d’un magma sonore bouillonnant, où Wilhelm Backhaus presque en transe, se surpasse. La sonate pour piano n°17 en re mineur dite "La tempête" op.31 n°2 est certainement une des trois meilleures interpretations de cette integrale. La premier mouvement "largo - allegro" est tourmente, très angoisse (largo), puis très veloce et beneficiant encore et encore d’une orgie sonore incroyable (allegro). L’"adagio" central est rythme, mais paradoxalement pas très rapide ; le mouvement n’est certes pas amorphe. Il est très agreable à ecouter. Le dernier mouvement "allegretto", avec son celèbre thème, est tempetueux à souhait, "dyonisiaquement" sonore, exceptionnel tout simplement. Du très très grand art. La sonate pour piano n°18 en mi bemol majeur op.18 n°1 vaut surtout par la filiation mozartienne que lui impose Wilhelm Backhaus. Wilhelm Backhaus ne neglige pas et prend au serieux les deux "sonates faciles" (n°19 en sol mineur op.49 n°1 et en sol majeur op.49 n°2) ; le resultant et très probant et magnifique. La sonate pour piano n°21 en ut majeur dite "Waldstein" op.53 est elle aussi une reference de ce coffret. Le premier mouvement "allegro con brio" possède une noblesse de ton et un caractère bien affirme. La maîtrise du pianiste est là encore parfaite. L’"introduzione : adagio molto" est un très bon mouvement de transition, doux et soyeux, possedant un bel ecrin sonore. Le "rondo : allegretto moderato - prestissimo" est genial et enivrant : Wilhelm Backhaus heroïse ce mouvement et donc cette sonate toute entière. La prise de son stereo de 1958 est etonnante de presence et n’accuse que très peu son temps. La sonate pour piano n°22 en fa majeur op.54 souffre d’une interpretation decevante de Wilhelm, qui manque de naturel et de profondeur. A oublier. La sonate pour piano n°23 en fa mineur dite "Appassionata" op.57, qui fait partie à mon sens des trois meilleures interpretations de cette integrale, jouit sous les doigts du pianiste allemand de "basses grondantes", preuve de grand tourment, dans son "allegro assai" initial. L’interpretation est très "volcanique". L’"andante con moto" central est joue avec douceur, expression, avec un fond de nostalgie e de regrets. L’"allegro ma non troppo - presto" final est très tourmente, veloce, et l’ivresse sonore est encore et toujours à son comble. Wilhelm Backhaus est magistral. L’interpretation de la brève sonate n°24 en fa dièse majeur dite "A Therèse" op.78 est plaisante, sans plus ; la sonate pour piano n°25 en sol majeur op.79 beneficie d’un "andante" poetique et rêveur à souhait. La sonate pour piano n°26 en mi bemol majeur dite "Les adieux" op.81a possède un "adagio" initial poignant qui mène bien à l’"allegro" suivant. Cet "allegro" est très heroïque (voici un bel hommage de la part de Wilhelm Backhaus au dedicataire de l’oeuvre, l’archiduc Rodolphe). L’"andante espressivo" central est triste au debut, et legèrement plus neutre jusqu’à la fin. Le "vivacissimamente - poco andante - tempo I" est extrêmement rapide au debut, quel bonheur ! C’est joyeux, enjoue, l’auditeur se representera aisement un grand feu d’artifice viennois. Wilhelm Backhaus, âge de 77 ans lors de l’enregistrement de cette sonate reussit là un grand exploit. (Il faut signaler qu’à une minute de la fin du mouvement, il y a un leger deraillement audible de la prise de son sur une mesure). La encore, cette sonate à titre est une des grandes reussites de ce coffret. Les deux mouvements de la sonate pour piano n°27 en mi mineur op.90 sont très bien cernes par Wilhelm Backhaus, qui propose sa vision (et quelle vision !) des joies de l’amour. La sonate pour piano n°28 en la majeur op.101 jouit d’une interpretation de ses trois mouvements toujours bien penses et bien maîtrises par le pianiste allemand. La plus longue des sonates pour piano de Ludwig van Beethoven, la n°29 en si bemol majeur op.106 est desservie d’entree d’une prise de son mono de 1952 (la seule gravure mono de ce coffret). Mais les oreilles de l’auditeur s’habitueront au fil des mesures à cette prise de son bien mauvaise. Wilhelm Backhaus, dans l’"allegro" introductif, est magistral : la grande ampleur symphonique et theâtrale qu’il donne à ce mouvement est prodigieuse. Le pianiste domine et maîtrise la partition avec une facilite deconcertante ! Par contre, la prise de son est si mauvaise qu’il y a saturation dans les plupart des aigus. Le second mouvement "scherzo : assai vivace - presto - tempo I" est rapide et "taquin" comme un jeu, avec plusieurs clins d’oeil humoristiques. L’"adagio sostenuto" central est melancolique et meditatif à souhait ; Wilhelm Backaus fait bien ressortir cette tristesse, il trace un bilan de la vie de Ludwig van Beethoven, des sensations que le compositeur eprouvait à cette epoque (des regrets par rapport à sa surdite). Wilhelm Backhaus ne relâche jamais la tension et tient son auditeur en haleine. Le "largo" qui suit est assez mysterieux et annonciateur des deux mouvements rapides "allegro" et "allegro risoluto" suivants, dans lesquels le pianiste se dechaîne. La complexite de ces trois derniers mouvements finaux l’encourage à se surpasser et cette fugue (dont les voix sont en permanence distinctes) est tout simplement "demoniaquement belle" ! L’interpretation de la sonate pour piano n°30 en mi majeur op.109 n’a pas grand’ chose à se reprocher, bien que le "prestissimo" central, si bien maîtrise soit-il, n’en paraît que survole. La sonate pour piano n°31 en la bemol majeur op.110 n’appelle elle que des eloges, Wilhelm Backhaus opte une enième fois pour un jeu empli de plenitude sonore, veloce dans les mouvements rapides, et tendre et emouvant dans les mouvements lents. La dernière sonate pour piano, la n°32 en ut mineur op.111 fait elle aussi partie des trois meilleures interpretations de cette integrale (toujours selon mon avis). Le premier mouvement "maestoso - allegro con brio ed appassionato" est très majestueux, grandiose et tourmente dans les graves ("maestoso"). L’"allegro con brio ed appassionato" est très heroïque, très sevère (voire grave) ; Wilhelm Backhaus rend là par le biais de son piano un vibrant homme à la vie et à l’oeuvre toute entière de Ludwig van Beethoven. L’ultime mouvement "arietta : adagio molto semplice e cantabile" beneficie d’une très bonne differenciation des variations par le pianiste. Les premières variations jouissent d’un tempo langoureux, d’"adagio" quasi "molto", puis les variations suivantes "swinguent" litteralement (à cinq minutes du debut, une variation sonne très "jazzy", c’est incroyable pour l’epoque !) ; dans les dernières variations, Wilhelm Backhaus est très virtuose et son jeu très profondement sonore, à defaut d’être impressionnant. Les nouvelles harmonies et recherches sonores exploitees par Ludwig van Beethoven dans ce mouvement sont etonnantes, mais Wilhelm Backhaus les valorise avec precaution (mis à part les variations "swingantes"), cherchant plutôt à regarder ce mouvement comme la synthèse de toute l’oeuvre pianistique du compositeur et de son apport à l’histoire de la musique.
A signaler pour conclure que le livret contenu dans ce coffret ne raconte absolument rien sur la genèse de chaque sonate, mais decrit les diverses facettes interpretatives du pianiste Wilhelm Backhaus. Bien que les interpretations de Wilhelm Backhaus possèdent plusieurs petits defauts, ce coffret se situe au sommet de la discographie des integrales des sonates pour piano de Ludwig van Beethoven, avec celles gravees par Wilhelm Kempff en 1965 pour le label Deutsche Grammophon et Claudio Arrau en 1980 pour le label Philips.
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