jeudi 8 septembre 2011

Guillaume de Machaut: Le vray remède damour


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Guillaume de Machaut: Le vray remède damour Reviews and Opinions



3 internautes sur 3 ont trouve ce commentaire utile :
5.0 etoiles sur 5
BALLADES, RONDEAUX, VIRELAIS ET MOTETS debut XIVème Siècle, 20 avril 2005
Par Mr. CHRISTIAN GIGAUD "xristianx" (region Parisienne) - Voir tous mes commentaires(VRAI NOM)
  
Ce commentaire fait reference à cette edition : Guillaume de Machaut: Le vray remède d’amour (CD)
C’est toujours un plaisir d’ecouter des oeuvres de Guillaume de Machaut, surtout quand elles sont interpretees par l’ensemble Gilles Binchois. L’enregistrement est excellent. L’utilisation des instruments qui, dans ces polyphonie prend la place de la voix (et vice et versa) nous restitue à merveille l’interpretation comme elle devait être avec Guillaume de Machaut."Toutes les mesures de sons, de mots et de grammaire...sont mobilisees pour reconcilier la rime et la raison" Le livret est presque luxueux, très bien presente avec les traductions en Français qui permettent une meilleure comprehension.
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4 internautes sur 8 ont trouve ce commentaire utile :
5.0 etoiles sur 5
De l’amour courtois à l’amour de Dieu, 23 decembre 2007
Par Jacques COULARDEAU "A soul doctor, so to say" (OLLIERGUES France) - Voir tous mes commentaires(TOP 500 COMMENTATEURS)
  
(VRAI NOM)
  
Ce commentaire fait reference à cette edition : Guillaume de Machaut: Le vray remède d’amour (CD)
Oeuvre entièrement dediee à l’amour, musique un peu lancinante et très repetitive en accord avec la forme poetique de Guillaume de Machaut qui se complaît dans cette circularite qui n’en finit pas de tourner les pages en avant et en arrière comme pour s’enchaîner dans le sentiment exprime, celui d’un amour infini de l’âme qui comme s’hypnotise elle-même à la vision de la beaute de la femme. Mais voilà que la rebellion est venue à terme du fait de l’insatisfaction, de la frustration, de la vexation, de l’humiliation que l’amour courtois apporte, un amour associe à l’hypocrisie. Un intermède musical trouve la vigueur de tambours qui resonnent comme les pas lourds de celui qui n’en peut plus d’attendre. La musique prend alors une facture qui a survecu jusqu’à nos jours dans les musiques de nos montagnes ou d’Irlande. C’est donc des profondeurs materielles que monte cette frustration. Mais les pulsions profondes sont refoulees et rejetees au profit à nouveau de la soumission dans une polyphonie très dominee. C’est l’enumeration de tous les instruments de l’ensemble qui creent l’unite de la musique et de l’harmonie, tous les instruments disponibles en ces temps anciens. Il illustre cela d’une pièce musicale qui montre à la fois l’unite de l’harmonie et du tempo, du rythme, les deux jouant sur des variations dans le cadre d’une repetitivite melodique certaine. Une voix de femme claire monte scandee de notes egrainees sur une corde, à la fois melodie et scansion. On est revenu à l’amour satisfaisant dans sa purete d’un point de vue de femme qui trouve sa satisfaction dans une contemplation visuelle et auditive de son propre caeur centre sur la jouissance du sentiment amoureux en lui-même. L’homme revient avec son amour absolu pour le visage de la femme, presqu’un fetichisme, retour à l’imagerie du debut de l’aeuvre. S’ensuit un motet dedie au Christ de lumière pour qu’il intervienne pour imposer la paix, le repos, la justice sur terre mais cela mène à une ambiguïte, celle de la paix vers laquelle on veut partir, la paix eternelle au-delà de la mort. De la paix sur terre on est passe à la paix celeste, non une compensation mais un glissement, un transfert tout autant qu’une contradiction. Paix et guerre coexistent sur terre comme un souhait entre terre et ciel, la paix du ciel comme promesse à gagner dans la guerre du monde. On notera que ce long motet est en latin alors que le reste du texte est en français. Guillaume de Machaut nous propose sa version - bien anterieure à « l’original » - du sonnet des couleurs de Rimbaud, centrant toutes les couleurs sur le bleu azur, couleur de la loyaute courtoise en amour. La femme revient avec sa plainte face à l’ami qui l’a oubliee et se refugie dans la denegation totale d’amour. La pièce instrumentale qui suit est d’une douce nostalgie qui exprime la tristesse du manque autant que le repos serein de la renonciation. Guillaume de Machaut a l’art d’exprimer des sentiments doubles comme ceux-là. Il excelle à mêler des tons mineurs qui virent au majeur comme par enchantement. On trouve l’inverse parfois toujours pour exprimer l’ambiguïte, la contradiction. La femme exprime, en polyphonie masculine, toute sa souffrance face à la negligence, l’abandon dont elle est l’objet. Cette longue lamentation aux accents mineurs presque poignants de ces deux voix d’hommes qui se contrastent et se complètent comme deux caeurs à jamais separes. Cette femme dont le caeur meurt d’amour, se languit dans le desir de retrouver l’ami, peut-être, de partir à jamais. L’homme revient pour exprimer à son tour l’abandon, l’attente de la satisfaction qui ne vient pas. Une pièce instrumentale exprime alors la langueur de cet ami qui aime sans retour. L’homme evoque son terrible dilemme. Gai, dansant, heureux en un mot, en public sur une musique entrainante, tambours et autres percussions donnant un tempo fort, soutenu. Pourtant, au plus profond, c’est la douleur de l’insatisfaction. C’est à Dieu qu’il demande une intercession auprès de la dame pour qu’elle reponde à son amour. L’homme rêve de voir sa dame. Cela devient une prière à sa dame de satisfaire son desir de la voir. Il compare sa dame à une rose epanouie dans son jardin complètement devaste. Son dilemme est de la garder dans sa beaute et donc l’impossibilite pour lui de la cueillir car la cueillir serait la tuer et avec elle son amour. Il se doit d’aimer en admirateur qui ne sera jamais satisfait. La chanson reflète la beaute de la fleur, la beaute du sentiment et la langueur devant l’intouchabilite de la fleur. Il a peur que la distance de la dame, son enfermement dans sa douleur qu’elle cause elle-même par sa distance ne fasse perir la rose, l’amour. L’homme adresse une prière à « mon caeur, ma saeur, ma douce amour » qui risque par hauteur et refus de tuer l’amour lui-même. L’amant, tout courtois qu’il soit, a besoin de satisfaction. La prière devient une incantation presque rituelle, magique ou pire encore, pour n’ouvrir que sur un motet à la mère du Christ, à la Vierge, à l’amour detourne de la Dame et oriente entièrement sur Nostre Dame, la religion, l’au-delà, la vie eternelle. L’amour qui guerit tout est l’amour pour Nostre eternellement vierge Dame, tous les jours, toutes les nuits de notre vie d’insatisfaction ici-bas. On est loin d’Adam de la Halle, et de ses Robin et Marion, des amours seculières du village. On a atteint le niveau superieur de l’amour spirituel parfait qui clôt cette aeuvre de son latin, la langue de la divinite. Avec un envoi en français, à la fin de l’envoi je touche, et il touche effectivement de sa loyaute et de son amour.
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